lundi 5 juin 2023

Alors! Nous polluerons ailleurs

 Le fleuve charrie des mousses blanches ; un petit garçon se baigne en jouant avec la matière volatile ; plus loin un bœuf se désaltère dans cette rivière. 

Ce fleuve de mousse blanche poursuit sa route sur des centaines de km. 

Hyderabad, là ou passe le fleuve, est une ville de 10 millions d’habitants c’est ici que la majeur partie des sociétés pharmaceutiques se sont implantées.

 L’Inde veut devenir le premier fournisseur de médicaments et les entreprises étrangères profitent d’un manque total de règles environnementales pour produire. Elles profitent aussi d’une population sous payée. Sanofi, Pfizer, Sandoz et toutes les autres sont là ; plus de 140 entreprisses.

Alors qu’importe le petit enfant qui se baigne dans cette mousse mortelle, si vous craquez une allumette la berge prend feu. Qu’importe aussi que ce bœuf avale des molécules dangereuses, des antibiotiques.

 L’Inde veut battre la chine dans ce domaine.

Alors la rivière charrie les poisons produits par ces industries: Chrome, Arsenic, Nickel. L’air, l’eau et le sol sont saturés de produits toxiques. Selon un médecin 20% des enfants sont atteints de maladies irréversibles (trouble de démence, déficience mentale, troubles pulmonaires, malformations etc. Un médecin passe chaque semaine pour ne constater que les dégâts, il n’y a pas de médicaments pour les soigner. 

L’enfant de cinq ans est allongé dans un lit, les bras en croix il est entubé de partout, ses 2 poumons sont sclérosés on ne peut que l’assister pour qu’il respire. Le comble est que les antibiotiques n’agissent plus, la population est intoxiquée aux médicaments.

 Alors l’Inde crée un projet PHARMACITY pour être le meilleur. Le ministre chargé de ce projet est conscient que cette industrie pollue mais il affirme que son projet traitera les déchets à terme. Cette promesse en vaut bien une autre. A côté de cette ville un dernier paradis fait de biodiversités, de zone humides et de vallées verdoyantes.

 C’est ici que le projet PHARMACITY va prendre jour, 80 km carré vont être engloutis. On a commencé à araser les collines à enfouir les marais pour les remplir de béton. Un demi millions de personnes seront déplacées. 

Le but de l’inde est de soigner tous les pays occidentaux au prix de la vie de ses enfants. La vie d’un enfant où qu’il soit né n’a pas la même valeur. L’enfant sur son lit d’hôpital pense-t-il qu’il aurait eu une toute autre vie s’il était né ailleurs, qu’elle importance maintenant qu’il va mourir. Les enfants, à cet âge ne pensent pas à ce genre de choses, ils font confiance aux adultes, savent qu’ils sont là pour les protéger à moins que l’intérêt supérieur du pays… 

Penser que le capitalisme aura la solution pour sauver le monde est faux il sera la cause de sa destruction jusqu’au bout. Il a inventé le mondialisme afin de contourner les lois pour aller polluer ailleurs. Un jour ils iront soit polluer la lune, soit s’y réfugier laissant les petits Indiens se dépêtrer des boues toxiques qui leur clouent les pieds. 

J’entendais hier encore un jeune économiste dire « grâce au capitalisme les gens vivent mieux » ; ce n’est pas l’enfant indien qui va lui dire le contraire, ce dernier n’a pas droit à la parole. Les écoles sont dirigées par ces capitalistes, l’avenir est bien assuré. Ce qui m’inquiète ce sont ces jeunes diplômés qui n’ont aucun discernement et avalent tout ce qu’on leur dit. 

A preuve que l’intelligence ne s’acquière pas dans les écoles. 

Si vous vous « promenez » sur Arte.tv , sur le net vous y verrez nombre de documentaires qui nous montre la bêtise, la duplicité et l’acharnement de certains pour faire de l’argent à n’importe quel prix, même au prix de vies humaines.

jeudi 28 juillet 2022

Les souvenirs partent en fumée!

   Paul regarde le coucher de soleil comme beaucoup de soir, le ciel est rouge, empourpré. Cependant aujourd’hui la rougeur vient aussi des flammes sur la crête là où la forêt brule.

Cette crête a été depuis son enfance son horizon. Le matin par la fenêtre il voyait ce bout de nature comme un tableau accroché au mur.

Sa vie pourrait se résumer à cette forêt.
Petit, il partait à l’aventure, avec ses copains après l’école, des jeux de gamins qui inventent des odyssées dans quelques mètres carrés. Il se souvient aussi des balades avec son père, teigneux qui parlait peu, mais le fait de parcourir les sentiers en silence avec lui les unissait plus qu’un long discours.

Puis à son tour il a pris par la main son fils pour lui faire connaitre les endroits de son enfance.

Voilà en un soir de Juillet, mois de vacances à se ressourcer, en  un soir ses souvenirs partent en fumée. Le feu mange petit à petit des pans de sa mémoire.

La vie est futile, elle vous tient au corps et une seconde plus tard, la mort vient vous la voler.

Paul n’en est pas mort mais ses souvenirs le sont.

Combien de fois depuis plus de cinquante ans, j’ai déploré ces saccages, à présent ils me rattrapent. Ils sont à ma porte, plus rien ne pourra les arrêter.

Nous sommes tous concernés, nos souvenirs partiront en fumée. Certains diront, « ce ne sont que des souvenirs ! », car il y aura toujours des gens pour minimiser, pour se rassurer eux-mêmes tant que ce n’est pas leur maison, leurs souvenirs qui brulent.

Peut être faut il en arriver là. Bruler ses souvenirs pour accepter une vie toute autre, une vie faite de sable et de sécheresse, de monts décharnés offrant leurs rochers au soleil, des rivières exsangues.

Surtout ne pas se rappeler cette baignade dans le fleuve, ces roulades dans la pente d’un pré, ces senteurs d’une forêt après une averse orageuse.

En fait, sans souvenir,  nous nous résignerons plus facilement.

samedi 23 avril 2022

Feu le monde!

  L’avion survole la forêt, décrit un demi-cercle puis plonge vers la cime des arbres. Le nez au vent enfin il se cabre vers le ciel tout en larguant sa poudre rouge!.

Le pilote aperçoit les flammes grimpant aux arbres, mangeant toute verdure et ne laissant que des squelettes fumants. Au bout d’un chemin il voit un rectangle rouge avec des fourmis autour, ce sont des pompiers à la limite de se faire encercler par ce monstre essayant, de ses langues de feu, d’attraper tout ce qu’il y a de vivant.

John pense à la fin du monde ; enfin à la fin de son monde. Il a vécu depuis enfant dans ce milieu paradisiaque au bord d’un lac cerné de bois, il y pêchait, chassait avec son père. Il aurait pu y vivre en autarcie.

Dans la première moitié du vingtième siècle, la Californie était un paradis sur terre, créant des exodes de fermiers d’autres états (lire Steinbeck: Les raisins de la colère), maintenant si l’enfer pouvait se représenter cela pourrait être ce désert de cendres encore rougeoyantes accentué par ces troncs d’arbre encore debout dessinant de leurs branches des crucifix.

J’ai toujours été sensible à la préservation de la nature et voir ces images en boucle m’horripile.

Les premiers tracteurs dans la ferme dégageaient une fumée noire et petit je me demandais ou allait tout ce noir, je le voyais s’étioler dans son ascension vers le ciel mais une question me taraudait : Ou toute cette fumée était-elle stockée? Pensant à un univers fini. Ne voyant pas de réponse ni n'entendant pas les mêmes questions, je doutais de mes inquiétudes et me méfiais de ma naïveté. J’ai commencé alors à écrire des poèmes sur ces sujets.

Ce n’est qu’un peu plus tard quand je vois ce professeur farfelu arriver sur les écrans de télé ; René Dumont prédisant des catastrophes écologiques, mais sa dégaine de savant fou ne faisait pas peur aux technocrates cravatés ni aux médias déjà muselés. Je ne me sentais plus seul au moins. La machine à broyer ce genre d’homme à idée faisait son œuvre, bien vite on a enfermé ces écolos dans un parti politique pour mieux les récupérer. En aucun cas l’écologie ne devrait être enfermée dans un parti elle devrait comme l’économie, la défense faire partie d’une politique globale. Les beaux penseurs de l’époque devraient se pencher sur les écrits de ce Dumont, lui était un scientifique, un penseur libre et non un de ces conseillers enfermés dans leur carcan, abreuvés par ces multinationales pétrolières (Total , Exon, Shell etc.), chimiques ( Mosanto, Bayer).  J’en veux à ces gens! Ils ont eu le pouvoir ils n'ont rien fait.

Le problème de ces entreprises est qu’elles sont devenues impersonnelles donc irresponsables.

Puis il y a eu Seveso (1976), Bhopal (1984; 20 à 25 000 morts selon les associations de victime en inde; le directeur de l'usine chimique, un américain, est décédé de sa belle mort en 2014)  , et Tchernobyl. Une fin du vingtième siècle ponctuée de catastrophes humaines et le monde continuait sa course infernale.

L’homme  aurait été capable de corriger ces erreurs. Il avait la technologie, le savoir; il aurait su palier à ces inconvénients mais quelques semblables, au nom du profit les ont censurés. Je me souviens d’un article dans Ouest France au début des années soixante. Un Argentanais avait fabriqué un moteur à eau ; petit, j’étais sidéré, en fait c’était un moteur à électrolyse ; je me demande ce qu’il est devenu mais suis certain que cela déplaisait aux pétroliers. Combien de découvertes ont été enterrées pour ne pas nuire aux profits de quelques uns. Les gouvernants sont aussi responsables de n’avoir écouté que le discours des financiers.

Ces multinationales ne paient pas d’impôt.

Maintenant on nous assène d’images et de commentaires, nous culpabilisant d’avantage, alors que ces journalistes ou leur père se sont moqués, il y a longtemps, de la mise en garde contre la destruction de la planète.

Ce n’est pas fini car la machine va s’emballer, comme un programme récursif sans contrôle. Le réchauffement fait fondre les pôles, une aubaine pour les pétroliers ; ils vont pouvoir forer le pôle nord, leurs bateaux pourront ouvrir des routes et les glaces fondront d’avantage. « La boucle est bouclée » comme on dit ; ce n’est malheureusement pas une boucle mais une spirale.

Voilà pourquoi je suis en colère; on vient chez moi me donner des leçons, bien sûr chacun est responsable mais le but aurait été de s’attaquer à la source pour ne pas en arriver là.
Pour cela il faut être au pouvoir.

samedi 12 mars 2022

L'eau vaut plus que l'or!

  Jack ouvre la porte de sa maison. Dehors le soleil rouge commence sa journée, il va encore faire chaud. Il balaie sa ferme du regard, ne voit que de la terre rouge. Il n’y a pas si longtemps le vert dominait et les vaches commençaient leur travail de transformation de l'herbe en lait. La nostalgie n’a plus de place, aujourd’hui un commissaire priseur va venir vendre sa ferme. Les vaches, elles, sont déjà parties.

A plusieurs milliers de km, dans son bureau au sommet du building, Anton regarde le soleil dans air satisfait. Il surveille l’écran où les courbes évoluent en sa faveur; l’idée qu’il a eue est géniale.

Il y a quelques années de cela, des hommes en costard cravate sont venu voir Jack et ses voisins. Leur discours ressemblait à ça «  l’eau va devenir rare et elle est vitale pour vous. Le seul moyen de s’en sortir est de payer cette ressource. Nous avons eu l’idée de la coter en bourse. » Une rumeur s’élève dans l’assemblée. Le banquier continue : « le gros avantage pour vous est que si vous avez un excèdent vous pourrez le vendre, cela vous fera un deuxième salaire ». L’argument massue est tombé.

Depuis cinq ans, en Australie, l’eau est devenue comme le pétrole un produit boursier. L’eau était peu chère au début, mais les sécheresses se succédant , le prix a monté. Alors les paysans n’avaient plus assez d’eau, ils étaient obligés d’en acheter, le prix était de plus en plus élevé ; bien sûr ils n’avaient plus d’excédent à vendre. Petit à petit les paysans sont partis, laissant leurs terres à de grands groupes pouvant se payer l’eau. Il n’y a plus de vaches mais des amandiers à perte de vue.

En Californie depuis peu, l’eau devient aussi un produit boursier. Les investisseurs se sont dit que plus l’eau sera rare, plus elle sera chère donc elle vaudra plus que l’or. Des spéculateurs achètent des milliers d’hectares, non pas pour cultiver mais pour faire des profits sur le précieux liquide. La monoculture, moins couteuse en eau, prend la place des vergers plus gourmands. Des réunions sont organisées là aussi pour expliquer aux petits paysans que la cotation de l’eau est bien pour eux.

Les écologistes soutiennent les financiers, ils se disent que payer l’eau fera qu’on ne la gaspillera plus. Ils font des deals avec les investisseurs pour garder des lacs, des zones pour l’environnement. Des sanctuaires.

Bientôt l’eau ne sera plus accessible pour tout le monde, ceux qui ne paieront pas verront leur accès coupé. L’idée de faire de l’eau un produit boursier suit son chemin, au fil de l’eau, dans le monde. En Europe des lobbies commencent leur travail de sape; pour l’instant on résiste, pour combien de temps ?

Si on se projette dans le futur, on voit que ce système court à sa perte. L’eau sera de plus en plus chère. Si nous prenons le cas de la Californie, qu’est ce qui pourra se payer l’eau ? Ce sont des grosses agglomérations comme Los Angeles avec leur pourvoir d’achat et ce, au dépend des agriculteurs qui mettront la clé sous la porte.

Je pose la question avec quels produits Los Angeles nourrira sa population ?

Mais pour l’instant on s’en fout on fait de l’argent.

Que peut-on espérer de ces gens assis dans leur fauteuil regardant les courbes et analysant des tableaux Excel ? Rien. Ils ne nourriront, ne soigneront pas la population ; ils veulent gagner de l’argent et ne comprennent pas que tout le monde n’en fasse pas autant. On parle de théorie du complot mais le complot il est là, ce sont tous ces gens qui veulent amasser plus et pour ce faire sont prêts à éliminer tous ceux qui sont sur leur chemin. Le seul espoir est qu’ils s’éliminent entre eux. Mais il sera trop tard pour les autres.

Dans son bureau à Melbourne, Anton répond à un journaliste : « est ce que je suis satisfait du réchauffement climatique, des sécheresses ? Mais bien sûr ! C’est bon pour moi !  L’important c’est faire de l’argent !».

Un jour ils boursicoteront sur la vie des gens. La vie est-ce une valeur sûre ?

Bon moi, faut que j’arrête de regarder des docs sur Arte, ça me fout le moral dans les chaussettes. Je regarderai des docs animaliers maintenant genre la vie sexuelle des Orangs Outangs ; mais la camera zoomera et on verra apparaitre un braconnier avec son fusil à lunette et… .

Je ne voudrais pas être de ce monde.

 https://www.arte.tv/fr/videos/082810-000-A/main-basse-sur-l-eau/

vendredi 11 mars 2022

Nostalgie!

  Il se lève ce matin, la tête bourdonnant des climatiseurs et épurateurs d'air qui ronronnent sans arrêt, le retenant à cette vie précaire. Par la vitre sale, il voit la boule de feu déjà en action asséchant encore le peu qui puisse rester de viable. Son souvenir des nuages se dissipe de jour en jour. Il sait que bientôt il ne pourra plus se rappeler ne serait-ce leur forme dans le ciel. Ni la goutte d'eau qui vient s'écraser sur votre front donnant une impression de fraîcheur. Les dernières pluies ici étaient acides, il fallait justement éviter de les recevoir. Comment en est-on arrivé là ? Cette question lancinante lui trotte dans la tête. Question sans aucune importance maintenant.

La couleur verte a disparu du paysage laissant le brun et le noir s'installer; est-ce une simple question de couleur? Forcément non mais peut-on lui enlever jusqu'à cette notion?

 L’Homme cela lui a pris comme ça, comme dans un rêve démentiel. Un cauchemar.
D'abord il a voulu mettre son image partout, se mettre en publicité, en actualité. Il abat les arbres, déforeste, pour en faire du papier, des affiches. Il a commencé à cacher le paysage, comme s'il voulait ne pas voir ce qu'il détruisait.
Puis il a construit des maisons de plus en plus grandes. Bien sûr il plantait un arbre de temps en temps pour en garder le souvenir. Les Immeubles grandissant ont commencé à couvrir les arbres de leur ombre, ces derniers sont morts desséchés. Le béton a remplacé le parc naturel couvert d’herbes folles.

Il a voulu se déplacer, il invente donc des machines, il faut les nourrir ces machines. Heureusement la terre nourricière est là avec ses réserves de pétrole. On pille et même si quelques cargos chavirent, laissant de larges larmes noires sur la face de la mer, on se dit que le jeu en vaut la chandelle. La flamme il faut pouvoir la laisser allumée, comme l'homme de Cro-Magnon voulait la préserver. Les usines et les véhicules crachent leur venin invisible trouant notre toit protecteur. Empoisonnant notre air.

Il y a bien des alertes, Seveso, Bhopal, Tchernobyl etc. Mais on se dit que se sont des erreurs qui ne se reproduiront plus. Après un instant de stupeur, la frénésie reprend ; surtout que les profiteurs n’habitent pas auprès de ces bombes en puissance.

L'Homme est donc pris d'une frénésie, non seulement il ne veut pas s'arrêter mais il court, il casse, il tue. Bientôt les forêts disparaissent laissant place à des langues de terre desséchées que même les fleuves ne peuvent abreuver. Des mers s'évanouissent découvrant des carcasses de cargos, des neiges d'antan s'évaporent vieilles de milliers d'années.

 L'Homme il lui a fallu 50 ans pour assécher sa terre nourricière. On respirait encore à l'époque mais la dioxine et les gaz que génèrent les déchets remplacent notre gaz vital. L'Homme n'est pas à cours d'idée il crée des masques pour pouvoir continuer sa destruction, Le masque lui permet aussi de se cacher. Au début on s'interroge on voit des cyclistes masqués puis on s'habitue. On entend parler de pluies acides, mais pour l’instant ce n'est pas encore très inquiétant ce ne sont que de petites pluies.

Il ne fallait pas accepter, dès le début, car il suffit aux pollueurs de gravir les paliers plus ou moins sensibles de la résignation. On parle du futur mais les puissants ne vivent qu’au présent, ils prennent et ne se projettent pas dans l’avenir, le futur même de leurs enfants.

L'eau est devenue rare, ce sont les pays pauvres qui ont commencé à mourir. Dans les pays riches on a pompé tout ce que l'on pouvait pomper. Les mers, les glaciers, les nappes souterraines tout y est passé reculant de quelques années le cauchemar que d'autres vivaient.
Des îlots, des oasis se sont créées entourées de murs et barbelés gardés par des armées. Des millions de gens y ont péris autour ; faute d'eau ils y ont versé leur sang. Maintenant ce sont les dirigeants, les vrais pollueurs qui y vivent, pour combien de temps encore.

Ou est passé cette cascade sur la rivière. Elle déployait son rideau de brume aqueuse que venait illuminer le spectre coloré du soleil. Le promeneur, armé de patience, aurait pu y voir un écureuil s'y rafraîchir ou ce raton laveur sécher ses poils brillants à la chaleur des rayons. Tous les sens y étaient mis en éveil.
L'ouïe d'abord avec cette mélodie de l'eau sur les rochers, rehaussée de chants d'oiseaux et ponctuée de bourdonnements d'abeille.
L'odorat ensuite par le bouquet de l'herbe humide agrémenté des parfums de fleurs des prés.
Le goût après en se rafraîchissant de cette onde; croquant une fraise sauvage.
Le toucher en laissant filer entre ses doigts cette force insaisissable.
La vue bien évidemment, imaginant qu’il y a plusieurs milliers d'années de cela quelqu'un assistait au même spectacle.

Où sont tous ces plaisirs à jamais disparus? Pendant plusieurs millénaires des hommes ont pu y goûter. En quelques décennies tout a disparu, l’eau, l’herbe, les fleurs, la musique plus rien de tout cela. Tout n'est plus que sable, poussière (tu retourneras poussière !).

A l‘échelle de l’âge de la  terre, 50 ans n’est même pas une seconde. Je regrette d’avoir vécu cette seconde. 

Pourquoi se ressasser cela sans arrêt? Cela ne sert à rien, si c'était à refaire, l'Homme recommencerait. Ce serait le jet d'un sac plastique qui naviguerait jusqu'à la mer. Car tout a commencé comme ça un geste simple sans conséquence qui se multiplie à l'infini, l'égoïsme nous permettant de croire que l'on a le droit d'agir ainsi. Ce sont ces politiques soutenant les compagnies pétrolières qui en sont responsables. Ce sont eux qui rendront des comptes au banc de la société, au grand tribunal des amoureux de la terre, ils seront condamnés pour crime contre la nature; crime contre nature pourra-t-on vraiment dire.

L'homme se ressasse tout cela en songeant qu'il n'a pu rien faire. Va falloir qu'il mette sa combinaison, son masque, ses bottes pour aller chercher de quoi se sustenter. Il va partir pour sa quête finale. Arpenter ces rues balayées par un vent de sable. Il se couvre entièrement, la moindre surface de peau offerte au soleil brûlerait instantanément. Il doit chercher quelques trous ou récipients dans cette ville contenant un liquide poisseux lui permettant de s'abreuver. Il est conscient que si ce n'est aujourd'hui qu'il périra, ce sera certainement demain.
Demain il y a longtemps voulait dire espoir, depuis peu ce mot, Demain, pour lui veut dire mort.

 Dans une année lumière de là, une vie apparaîtra sur une autre planète. Les nouveaux êtres verront la terre comme une planète inhospitalière ne pouvant accueillir la vie.

L'histoire se serait-elle déjà répétée ?

jeudi 11 novembre 2021

Le fleuve disparu

  Amadou part avec son bidon sur la tête. Le soleil se lève, il se presse avant que la chaleur fige les êtres dans leur torpeur. Il a cinq km à faire aller retour. Son souci c’est la pompe, il espère ne pas la trouver en panne.

 Pendant son parcours il longe cette ferme entourée de barbelés, il ne comprend pas pourquoi il ne peut regarder. L’autre jour il s’est arrêté pour voir ce qu’il y avait derrière cette clôture électrique; une Jeep est arrivée deux minutes plus tard et des hommes armés et masqués lui ont fait signe de dégager. En levant la tête il a aperçu une caméra sur un poteau. Cela attise sa curiosité.

Derrière cette barrière si Amadou pouvait voir, il y a des champs verts plus grands que des terrains de foot. La différence c’est qu’ils sont ronds. Une armature de métal, armée de petits arroseurs tourne sans arrêt irriguant les cultures.

Amadou passe vite son chemin depuis qu’on l’a réprimandé ; il ne veut pas d’histoire et pour aller à l’école il doit faire vite. Ses pas soulèvent de petits nuages de sable, il n’a pas connu le temps ou le fleuve abreuvait cette vallée. Les alluvions nourrissaient la terre et le vert repeignait le paysage. Des bœufs y paissaient pendant la saison des pluies. Amadou ne sait pas ce qu’est un fleuve, il a bien vu une carte au tableau de la classe, ces longues stries bleues qui rejoignent la mer ; mais la couleur ne lui suffit pas pour s’imaginer que de l’eau pouvait courir sur le sable.

Derrière les barrières, les machines pompent le précieux liquide, elles vont à plusieurs km de profondeur là ou il y a des lacs d’eau douce. Ces machines sont assoiffées elles remontent inlassablement cette eau pour la propulser dans les arroseurs. Nous pourrions croire que l’eau retourne à la terre mais une grande partie s’évapore, une autre reste dans les cultures exportées vers des pays lointains et le peu restant se perd dans cette terre aride.

Arrivé au puits Amadou soupire de soulagement en entendant le ronronnement de la pompe, il remplit son bidon et le met sur sa tête. De l’eau lui tombe sur son corps le rafraichissant ; il sourit à la pensée qu’il gagnera du temps avec cette douche improvisée. Son souci justement est de ne pas perdre l’or qu’il a sur le crâne, il est vital pour la famille. Il ne sait pas que ce qu’il charrie deviendra la chose la plus précieuse au monde ces prochaines années.

Derrière les barrières, des hommes s’affairent à cueillir les cultures, les mettre dans les cageots, les charger dans des camions qui eux aussi soulèveront la poussière en passant dans le village d’Amadou. Il suffirait qu’un de ces camions apportent  de l’eau à la citerne du village tous les jours pour qu’Amadou puisse assister à tous les cours. Mais voilà l’eau des profondeurs n’appartient à personne sauf à ceux qui ont les moyens.

Bientôt toute l’eau du lac souterrain sera pompée. Il ne restera qu’une poche vide sous terre, déjà au Etats unis des crevasses comme des petits canyons apparaissent car la terre s’effondre. Là bas ils ont déjà tout pompé depuis longtemps laissant derrière eux des déserts, des villes fantômes. Le Colorado, à bout de souffle, de sang dans son artère n’arrive plus à l’océan, si vous passer par là vous verrez le dernier ruisseau se perdre dans le désert.

L’eau est un circuit disent certains, peut être mais ces lacs souterrains sont là depuis toujours, le Colorado aussi et l’homme a réussit à les assécher. Les lacs et les fleuves ne se régénéreront pas.

jeudi 28 octobre 2021

Là où il y a du rêve

 

 Naveed à 10 ans, endormi sur sa couche, il est dans un autre monde, dans ses rêves. Sa mère le secoue : «  Il est six heures ! Dépêche-toi tu vas être en retard! ». Il se frotte les yeux pour quitter cet univers où il se sentait bien.

Naveed part au travail, il à une dure journée devant lui, dix heures de travail, il émet un petit sourire, dix ans, dix heures. Il connait le chiffre dix, il a été un peu à l’école, à peine deux ans mais ses parents sont pauvres et n’ont pas de quoi nourrir leurs trois enfants. Il travaille à la tannerie, avec plein de gosses comme lui, à journée entière il charrie les peaux, les mettant sur sa tête. Ces peaux sont lourdes et son cou lui fait mal ; parfois il plonge dans la piscine pour laver ce cuir encore plein de poil. Naveed côtoie aussi les produits toxiques qui sont déversés dans la rivière.

Ici on emploi des gamins car on les paie dix fois moins cher, décidément ce chiffre, une fixation.

Naveed ne se plaint pas, le soir il va voir son meilleur copain qui, lui, a la chance d’aller à l’école. Ce dernier lui raconte les histoires qui sont dans son livre.

Le vendredi, seul jour de repos. Naveed doit aller chercher de l’eau de plus en plus loin à cause de la pollution. Le reste de la journée il peut jouer.

Le rêve de Naveed est d’avoir des chaussures de foot. Ironie du sort, ces chaussures sont faites du cuir qu’il transporte toute la journée, pour l’instant il joue pieds nus.

La vie suit son cours chaotique, comme la rivière qui charrie les poissons morts.

Un jour, un homme vient les voir à leur lieu de travail, il leur dit qu’il faut qu’ils aillent à l’école. Ça, Naveed en était conscient, mais là où une lueur d’espoir apparait, c’est quand le type leur dit qu’il est là pour les aider. Ce dernier s’est mis d’accord avec leur patron pour les laisser une heure par jour aller à l’école.

Rejwan demande aux parents si Naveed pourrait seulement travailler le matin et aller à l’école après. Les parents rechignent, le père est vieux et fatigué. Après palabres et concessions la mère est d’accord.

Le rêve de Naveed commence à prendre forme, à l’école justement on lui montre des chaussures de foot et on lui apprend qu’elles sont faites du cuir qu’il travaille. Rejwan leur dit qu’il veut faire une équipe de foot. Naveed est ravi.

Combien d’enfants travaillent dans le monde, dans les mines, les usines, les tanneries. Certainement qu’en cherchant sur Google on peut trouver, je vous laisse chercher car c’est mieux que de ne lire qu’un chiffre probable qui ne veut rien dire si on ne le compare pas à d’autres. Mais la question qui tue est combien de Rejwan tous ces enfants rencontrent-ils, ça je ne pense pas que Google le sache. Je ne me hasarderais à en annoncer un chiffre, je pense que je serais même trop optimiste.

Je suis allé en inde en voyage, un jour voyant un enfant tirer une charrette de bon matin ; je me suis fait une réflexion : Quelle distance! des années lumières nous séparent. J’ai jugé qu’il faut que certains matins, je repense à ce garçon ne serait-ce que pour ne pas l’oublier.

Quand, petit, je me plaignais, ma mère disait qu’il y avait toujours plus malheureux que nous. C’était une phrase facile, pas très optimiste, d’ailleurs elle ne me consolait pas trop. Il vaut mieux tirer les gens vers le haut comme le fait Rejwan plutôt que de leur dire regarde plus malheureux que toi.

Les hommes sont égaux nous dit l’évangile, les enfants ne le sont déjà pas dans leurs rêves. Ils ne le seront jamais dans la réalité.

Alors! Nous polluerons ailleurs

 Le fleuve charrie des mousses blanches ; un petit garçon se baigne en jouant avec la matière volatile ; plus loin un bœuf se désaltère dans...